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2. Les acteurs du travail sonore

  • Photo du rédacteur: Léandre ROUX
    Léandre ROUX
  • 3 juin 2021
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 juin 2021




Travail artistique



Directeur Artistique

Le rôle du directeur artistique est de diriger les acteurs de la chaîne de doublage, de l’adaptation au mixage dans le but d’assurer une cohérence artistique dans le produit fini. Il a en théorie pour tâche de diriger la partie artistique de l’enregistrement (qualité des prises, direction d’acteurs, etc.), mais aussi son organisation en amont (casting des voix, planning des comédiens, etc.)

Le directeur artistique peu encore à l'étape d’enregistrement proposer de légers changements sur l’adaptation du texte pour plus de réalisme, un meilleur rythme ou encore pour ajouter du sens à certaines répliques.

Certains directeurs artistiques demandent aux acteurs de voir le film avant l'enregistrement pour qu'ils commencent le travail d'action en amont de l'enregistrement mais ce n’est pas monnaie courante comme nous le verrons dans la prochaine partie.


Il est chargé de mettre en place un plan de travail millimétré pour assurer le bon déroulement du temps en studio en jonglant entre les différents acteurs et leurs présence nécessaire ou non. Le temps en studio est précieux, il revient au directeur artistique de décider de la qualité de jeu d’une prise et pourra demander d’enregistrer une nouvelle performance.

Le temps en studio se sépare en 3 étapes minimum





Pour un enregistrement professionnel on peut donc compter entre 3 et 10 minutes pour une simple boucle de 1 minute. Chaque étape étant supervisée par le directeur artistique qui donne des directions aux acteurs et travaille de concert avec l'ingénieur son qui a lui aussi son mot à dire sur les prises.

Cette course au temps apporte de nombreux problèmes car si cette course est importante pour respecter les dates de sorties, celle-ci n’apporte en général pas de valeur ajoutée. Par manque de temps certains directeurs artistiques auront tendance à utiliser la technique du one take, technique qui consiste à écouter la VO puis lancer l’acteur sur l’enregistrement et garder la prise pour le produit final sans retravailler quelconque justesse de jeu ou de prononciation.

C’est le cas de Pokémon qui à l'époque n'avait pas encore eu l’impact que le dessin animé à aujourd'hui. Celui-ci souffre de nombreux problèmes de jeu qui sont expliqués par un temps alloué au travail studio restreint ainsi que comme l’explique Laurent Sao dans son Interview sur Pokébip.




Comédiens

En France le doublage n’est reconnu par le grand public que depuis peu, cela n’est pas le cas au Japon, où les comédiens qui font du doublage sont appelés des Seiyu. L'importance de la production de séries d'animation (à peu près 60% du paysage international de l'animation) fait que ces comédiens ne sont pas seulement de simples prêteurs de voix anonymes mais de véritables stars nationales. Dans les années 1990 à l'époque du Club Dorothée (TF1) ce n’est autre que Brigitte Lecordier, à cette époque, inconnue du grand public français qui est invitée à se rendre au Japon. Car en France, à cette période, Dragon Ball est un véritable phénomène dans le paysage audiovisuel, appuyé par une très large audience servie par le Club Dorothée. Pour expliquer cet engouement, il est tout naturel pour le studio japonais de cantonner cette réussite aux “Seiyu français”. C’est donc de cette manière qu’un documentaire japonais fut tourné dans les studios français de AB production et Brigitte Lecordier invitée à la plus grande émission japonaise de l'époque pour faire une performance live avec son alter ego japonais Masako Nozawa. A l'époque et encore maintenant, les japonais ne se réfèrent pas à une bande rythmo mais a un livre manuscrit leur demandant d’alterner leur regard entre le texte et la vidéo.


Le comédien est dirigé par le directeur artistique réfléchissant avec lui à une organisation en fonction de l'enregistrement, ce sera le cas sur le doublage de split (film de M. Night Shyamalan où le héros est atteint d’un trouble dissociatif de l’identité et possède 24 personnalités distinctes), le comédien de doublage (Alexis Victor) enchaîne la même personnalité durant l’enregistrement puis passe sur la suivante. Ce processus a pour but de rendre confortable l’enregistrement pour le comédien qui, une fois la voix du personnage en tête, peut enchaîner les répliques sans souci de justesse de jeu puis passer au suivant.

Durant l'enregistrement, les comédiens écoutent la boucle en VO pour être au plus proche de celle-ci sur la VF. Ensuite, après plusieurs essais et discussions avec le directeur artistique, le comédien se fait enregistrer jusqu'à ce que la performance convienne en termes de technique de jeu pour le DA et en terme de son pour l'ingénieur du son.



Travail technique



Enregistrement

Il arrive parfois que l’auteur assiste à l’enregistrement de son texte par les comédiens mais l’ingénieur du son a lui aussi un rôle primordial. Tout d’abord, c’est lui qui fait les prises de son, qui enregistre les comédiens de la VF. À ce stade, il veille à ce que tous les personnages parlent au même niveau sonore. À moins, bien sûr, que l’un soit censé chuchoter tandis que l’autre crie. Il s’assure également que le texte est intelligible et qu’aucun bruit de bouche ne vienne parasiter la prise son.

Pour cela l'ingénieur du son utilise le plus communément un logiciel de DAW comme Pro Tools qui est aujourd’hui majoritaire, puis l’enregistrement se fait dans un studio équipé d’un traitement acoustique ainsi que d’un moyen de montrer au comédien la bande rythmo défilant ainsi que la vidéo.

Durant l'enregistrement l'ingénieur du son est en constante collaboration avec le DA qui peut lui demander des réécoutes et des boucles spécifiques, ainsi que son avis sur certaines prises (possibilité de changement au montage, ect).

Les micros choisis pour cette occasion sont des micros dynamiques tels que des Neumann placés en douche face à l'acteur qui sera traditionnellement devant une barre.




Selon le choix du directeur de plateau, les comédiens pourront être enregistrés simultanément sur une même boucle pour plus de réalisme dans le jeu du comédien. Cependant c’est une pratique qui est de moins en moins utilisée car à l'époque de l’enregistrement analogique le temps de rembobinage était long. Il était donc moins chronophage de faire doubler les acteurs simultanément. Aujourd’hui il est considéré comme plus rapide (et moins onéreux) de faire passer les comédiens chacun leur tour


Montage

Après l’enregistrement et pour préparer le mixage, l’ingénieur du son peut être amené à faire du montage, c’est-à-dire à recaler (à une ou deux images près) les répliques selon qu’elles aient été prononcées en retard ou en avance par rapport à la VO. Ainsi, on peut corriger une synchronisation approximative au lieu de réenregistrer le passage. Ceci n'est, bien entendu, valable que pour les téléfilms ou séries TV.

En effet, tous les films qui sortent sur grand écran passent entre les mains d'un monteur son qui va recaler une grande partie des phrases du film. À l'aide d'un logiciel adéquat, il va modifier l'emplacement d'un mot, d'une syllabe, voire d'une lettre, de l'ordre d'une demi-image à plusieurs images, suivant la précision de l'adaptation et la justesse de jeu des comédiens. C'est ce qui fait la différence entre une synchro « TV » et une synchro « ciné ». Ces différences dans la manière de procéder peuvent en partie s'expliquer par de meilleures conditions de travail (par exemple de meilleurs délais, un matériel plus performant, la mise à contribution d'un ingénieur du son plus expérimenté) en somme par des moyens financiers plus importants.




Mixage

Enfin vient le mixage. À son issue, la version française devra être parfaite. Le mixage est donc essentiel à la bonne qualité d’un doublage. Il s’agit pour l’ingénieur du son de tout mettre en œuvre pour que l’illusion soit maintenue et que le spectateur ne doute pas du fait que le texte français sort de la bouche du personnage.

Lors de la conception du programme, une VI (version internationale) a été élaborée parallèlement au mixage de la VO. Celle-ci est un mixage des ambiances, musiques, effets sonores et bruitages, sans les voix. C’est à partir de cette VI que le mixage VF est possible. Il consiste à intégrer les voix françaises dans la VI. Le mixeur se retrouve donc avec trois éléments : la VO, la VI et les voix françaises.

La VO est la référence. Le rôle de l’ingénieur du son est de s’imprégner du mixage original afin de réaliser une VF identique à la VO, par respect pour le travail du réalisateur. C’est là que le technicien doit travailler à la crédibilité des dialogues : les répliques ne sonnent pas de la même façon si le personnage est en gros plan, à l’arrière-plan ou encore s’il se trouve derrière une porte. L’ingénieur du son doit reconstituer ces nuances sonores. De même, une réplique prononcée dans une cave ne sonne pas de la même manière qu'en extérieur. Il faut, par conséquent, jouer sur la réverbération des voix dans différentes pièces. Le mixage devient alors un véritable jeu lorsqu’il faut recréer des effets de voix robotisée, de haut-parleur, etc. Car tous ces effets apparaissent sur la VO et doivent être restitués pour que le spectateur de la VF en jouisse lui aussi.




Vocabulaire

Carton de doublage: Mention systématique des noms des comédiens assurant le doublage au générique

Lip sync (contraction de lip synchronisation, le synchronisme labial): Codification du mouvement des lèvres du comédien .

Doubleur: Entreprise dont la fonction est de traiter la postsynchronisation et le doublage.

Bruitage: Reconstitution en studio d’effets sonores accompagnant l’action d’un film, le couplage est couplé avec la musique et l’ambiance sur la VI.

Ambiance: Brouhaha de paroles perceptibles ou indistinctes qui constituent le fond sonore d’un plan ou d’une scène.

synchronisme: Au cinéma , simultanéité de l’image et du son.

Sous-titrage: Texte en surimpression en bas de l’image d’un film offrant une traduction des dialogues.

Spotting list: Liste de dialogues et narration du programme dont l’adaptateur dispose idéalement dans la langue d’origine du programme. Parfois, ce document est commenté (expressions idiomatiques expliquées, éléments de contexte, etc.) et un prédécoupage des sous-titres est proposé le plus souvent timecodé. Si le texte est intégral ce sera une dialogue list.

Voxographie: Liste des acteurs ou des personnages d'œuvres audiovisuelles qu'un comédien ou une comédienne a doublés.

Bible: Document ou ensemble de documents regroupant des informations utiles à tous les adaptateurs travaillant sur une même série télévisée (tutoiements/vouvoiements entre personnages, traduction de certains termes ou expressions récurrentes, running gag, etc.)

Bande rythmo: La bande rythmo est synchronisée à l’image pour qu’en studio les comédiens puissent la lire et jouer en donnant la bonne voix aux personnages qu’ils interprètent. Elle donne une les points de synchronisme labial et le texte.

Battements: Nombre de mouvements compris dans une phrase et qui correspondent plus ou moins au nombre de syllabes.

Boucle: Correspond au temps pendant lequel un comédien peut travailler sans s’interrompre : une minute en moyenne. Le détecteur numérote ces boucles, pour qu’à l’enregistrement, l’ingénieur du son puisse facilement passer d’un point à l’autre du film en se basant sur les numéros de boucles.

Version française (VF) : Version doublée en français.

Version francophone française (VFF) : Doublage francophone réalisé en France. On l’appelle aussi « True French » ou « véritable version française ».

Version francophone québécoise (VFQ) : Doublage francophone réalisé au Québec, en utilisant un français international, c’est-à-dire sans accent québécois. Les mots d’origine anglaise seront prononcés avec un accent nord-américain (et « à la française » dans la VFF).

Version québécoise (VQ) : Doublage francophone réalisé au Québec, où l’accent québécois est utilisé et avec des expressions typiquement québécoises.

Version francophone belge (VFB) : Doublage francophone réalisé en Belgique.

Version internationale (VI) : Piste qui contient tous les « effets » sonores (ambiances, bruitages, musiques).

Version originale (VO) : Piste sonore dans la langue d'origine (version de référence pour le doublage).

Version originale sous-titrée (VOST) : Piste sonore dans la langue d'origine, avec sous-titres intégrés, dans la langue choisie.




 
 
 

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